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lundi 17 janvier 2011

Systèmes énergétiques décentralisés : une évolution inéluctable


Une révolution est en marche dans toute l'Europe : celle des systèmes énergétiques décentralisés, qui renvoie aux notions :

- autonomie des sources de production (ne plus dépendre de ressources extérieures comme le pétrole ou le gaz en favorisant les sources énergétiques locales comme l'éolien, le solaire, la geothermie)

- autonomie du réseau de distribution et du stockage ; à savoir que chaque collectivité ou réseau de collectivités, le périmètre est à définir, gère par elle(s)-même(s) la maintenance de son réseau (en intégrant les compétences, comme pour l'eau, ou en les confiant à des prestataires apprès appel d'offres)

Concernant le premier point, on peut présumer que la transition vers les énergies renouvelables se fera progressivement, à la condition qu'elles soient favorisées fiscalement. Les systèmes coupleraient donc dans un premier temps sources énergétiques traditionnelles (pétrole, gaz) et énergies renouvelables, comme c'est le cas pour la centrale énergétique ci-dessus à Palisade au Colorado (Etat-Unis), mixant pétrole et solaire pour produire de l'électricité.

Pour le second aspect, il existe une contradiction entre le droit français qui fait obligation aux collectivités locales de reconduire les contrats de gestion des réseaux de distribution d'électricité à des entreprises, même si elles en sont propriétaires, et le droit européen, qui exige des collectivités locales qu'elles fassent des appels d'offres. Le CNER (Comité National des Energies Renouvelables) vient d'ailleurs de s'en émouvoir, par le biais d'une plainte, dont l'objectif est d'obtenir que la justice française se penche sur la question.

Les principes qui sous-tendent les systèmes énergétiques décentralisés sont :

- une utilisation raisonnée des ressources (vs une utilisation dispendieuse des énergies fossiles, notamment la déperdition de chaleur en phase de production)

- une responsabilisation des habitants et usagers des ressources dans l'utilisation de celles-ci (et là tout reste à faire tant habiter un bâtiment HQE ou BBC ou utiliser des équipements durables renvoie à des réflexes nouveaux).

Reste ensuite à savoir quels seront les domaines d'application des projets pharaoniques tels que Desertec ; l'énergie captée rentrera-t-elle dans l'architecture énergétique actuelle qui relie l'ensemble des réseaux européens, détenue par de grands opérateurs énergétiques ? Ou servira-t-elle uniquement aux grands équipements publics (transport ferroviaire, hôpitaux...). Ce qui suppose que les particuliers disposeraient de leur propre équipement et infrastructure de distribution. La bonne approche est-elle de partir des usages d'un territoire, de modéliser ensuite son architecture énergétique en garantissant l'impartialité des appels d'offre, l'accès à l'énergie pour tous, à un prix décent ? Applications, architecture énergétique, modèles économique et juridique, tout reste à repenser.

Vhyb la ville hybride a donc décidé de s'emparer du sujet en réalisant un forum le 28 juin 2011 sur le thème des systèmes énergétiques décentralisés. Il se tiendra à la Galerie 64 bis, à Paris. Objectif : éclaircir le thème auprès des élus, des associations d'habitants pour qu'ils se l'approprient et des prescripteurs (bailleurs sociaux, syndicats de copropriété, associations de co-propriétaires, agences locales d’amélioration de l’habitat) pour leur apporter des solutions liées à leur mise en oeuvre.