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vendredi 27 février 2015

Grand Paris : ce que traduisent les démarches d'innovation ouverte


Les démarches d'innovation ouverte se multiplient chez les acteurs du Grand Paris. Hier apanage des structures associatives et privées (tiers lieux, incubateurs privés et associatifs, fabriques culturelles...), et avant-hier lancées par les acteurs académiques à travers la démarche-action (ce que nous rappelait à fort juste titre Jean-Louis Missika au Club Ville hybride le 12 février dernier, et qui m'a ramené à mes études en sociologie au début des années 90), les institutions publiques, les secteurs du transport et de l'immobilier, s'y mettent également : Icade, en collaboration avec Paris Region Lab/ Paris&Co, lance un appel à projet sur "l'immobilier de demain : nouveaux services, nouveaux usages, nouvelles technologies" (clôture de l'appel à projets le 30 mars 2015). La Société du Grand Paris a lancé fin 2014 un marché public pour une "mission de conseil sur l'élaboration de son programme d'innovation ouverte" (en vue de la réalisation de services en collaboration avec un écosystème d’entrepreneurs, de développeurs et de designers pour son futur métro digital). La Ville de Paris est en cours d'appel à projets sur l'initiative "Ré-inventer Paris" (plus de 800 dossiers de candidatures ont été reçus dont près d'un quart de l'international).

Comment en est-on arrivé là ?

- l'innovation ouverte n'est pas un phénomène nouveau (elle est née il y a près de cinquante ans dans les campus universitaires américains et a notamment donné naissance à l'Ethernet, réseau de communication inter-universitaires, ancêtre de l'Internet). Elle s'est ensuite "naturellement" disséminée dans les secteurs d'activités concernés (informatique et télécom).

Qu'est-ce que cela traduit ?

- l'innovation ouverte traduit tout d'abord la volonté d'émancipation de l'ensemble de la société à l'égard des organisations pyramidales et hiérarchiques (on en a longtemps parlé, on est en train de vivre cette révolution),

- l'innovation ouverte est un remède à la crise car elle permet de faire plus avec moins (il n'y a qu'à regarder la créativité des tiers lieux, qui sont de plus en plus investis par les grands groupes industriels et de services, pour s'en convaincre),

- l'innovation ouverte est l'une des traductions de la demande de sens (énoncée par la société dans son ensemble), qui challenge fortement les élus dans leur capacité à en délivrer,

- l'innovation ouverte constitue aussi, et surtout, un garde-fou, pour reprendre prise sur le réel, demande fortement exprimée par les "habitants".

Quelles sont les conséquences et applications potentielles ?

Les applications sont quasi infinies, tant, et il est important de le rappeler, l'innovation ouverte crée sa dynamique propre, est exponentielle dans les thématiques et acteurs agrégés.

- ce qui est radicalement nouveau, et on ne pourra plus faire marche arrière, est que l'innovation ouverte soit aujourd'hui présente dans le secteur du développement urbain (au sens large), qui était, paradoxalement (?), étrangère à ce type de démarche. Elle est portée par des décideurs (Jean-Louis Missika, Thierry Lajoie pour ne citer que les plus emblématiques), par tout un ensemble de conseillers digital native ou presque, nourri au sein du développement durable, des effets de la crise, et qui aspire à une société plus ouverte (une Commune ou un Mai 68 soft, en quelque sorte), des acteurs émergents de la société civile qui se jouent régulièrement des normes (Simplon.co, 6b, Ici Montreuil pour ne citer que ces trois là mais ils sont des centaines aujourd'hui, des milliers demain...et vont continuer à structurer les politiques publiques, de manière ascendante ; ça aussi c'est nouveau, ou re-nouveau ?),

- l'innovation ouverte challenge les organisations traditionnelles car elle redonne du sens au travail  des salariés -tant en interne que par rapport à leur place et rôle au sein de la société- et les valorise fortement.

Plus spécifiquement / développement urbain :

- L'émergence de l'innovation ouverte bouge  les lignes  des conditions de sortie des projets d'aménagement ("ce ne seront plus les normes qui feront les projets mais les projets qui font les normes", dixit Thierry Lajoie au Club Ville hybride du 15 décembre 2014) :

=> les  conditions de production amont-aval des projets d'aménagement, leur périmètre, leur contenu programmatique, leur capacité d'évolution dans le temps (au gré de cycles d'usages de plus en plus courts), vont s'en trouver chambouler.

=> L'innovation ouverte va (re?)-donner ses lettres de noblesse à la concertation publique (hier, et encore aujourd'hui, trop souvent cantonnée à la cosmétique des projets ; pour faire court le choix de la couleur des bâtiments ou le nom des rues).  Tout d'abord elle va ringardiser à vitesse grand V les réunions de concertation publique (davantage associée à de la recherche d'adhésion dans l'esprit des habitants qu'à de la véritable co-production de projets). Conséquence quasi immédiate, elle va se substituer progressivement à la concertation publique traditionnelle (qui sera de plus en plus intégrée en amont des projets et non en aval). Entre autres atouts, elle résoud en partie l'épineux enjeu de concertation du grand public sur le projet du Grand Paris (appelée des voeux de nombres d'acteurs mais pas encore mis en place faute d'outils adaptés, et non de moyens comme le pensent certains). La force et la dynamique sociale de l'innovation ouverte est d'ailleurs telle qu'elle pourrait balayer d'un revers de main les débats en cours, entre les élus, sur les questions de la gouvernance, des compétences et des moyens de la future Métropole du Grand Paris.

=> la "concertation publique" (dont l'appellation évoluera inévitablement)  sera intrinsèquement liée à la co-production des projets entre "experts" et "habitants" (les destinataires au sens large des services et équipements).

- l'économie circulaire est une autre application concrète de l'innovation ouverte. Elle est l'une des illustrations de la demande de garde fou des "habitants", pour rependre prise sur un quotidien qui leur, nous (?), échappe (production, consommation tant énergétique qu'alimentaire, voire de relocalisation productive). Toutes les parties prenantes-élus, techniciens, "habitants", investisseurs- sont aujourd'hui mûres par rapport à sa mise en oeuvre, tant le diagnostic et les objectifs sont partagés. La restitution de l'étude "métabolisme urbain" au 6b à Saint-Denis le 13 février 2015 en est un exemple (qui débouchera très certainement sur la structuration d'une filière de ré-emploi de matériaux de chantiers à l'échelle de Plaine Commune et sur d'autres applications également, qui en seront la conséquence "naturelle", telles que la mutualisation fonctionnelle des espaces : logistique urbaine, logements, activités, nature urbaine,...).

- il existe bien d'autres applications que je n'ai pas le loisir de développer ici, mais surtout, les plus porteuses -socialement, économiquement- restent à inventer et sont in-trin-sè-que-ment associés à la démarche d'innovation ouverte.

Quelle est la prochaine étape ?

Les initiatives d'innovation ouverte lancées par les acteurs publics sont pour l'instant cantonnées aux acteurs "professionnels". Alors que l'innovation ouverte, est-il utile de le rappeler, a pour spécificité de placer l'usager, l'"habitant", au coeur de sa démarche. La prochaine étape devra donc dépasser les seuls acteurs "avertis" pour capter l'expertise d'usage des "habitants", et les associer au processus de décision et de production (dont ils sont l'élément central et moteur à la réussite des projets).

jeudi 5 février 2015

mardi 3 février 2015

Des bactéries pour éclairer les rues


Glowee met un coup de pied dans la fourmilière ! l'idée : remplacer les enseignes lumineuses énergivores par des bactéries bioluminescentes. Daan Roosegaarde a certes ouvert la voie il y a qqes années mais cette fois-ci il s'agit d'une initiative de quatre jeunes issus de Strate College, l'ESCP et Supbiotech.