Il y a des rencontres qui vous marquent plus que d'autres. Monte Laster en fait partie. Je l'ai rencontré hier alors qu'il était en train de donner des cours d'anglais à des enfants d'une école primaire à La Courneuve. Elle est située au pied de la cité Balzac en cours de destruction (Monte leur a demandé ce qu'ils en pensaient ; les gamins lui ont répondu qu'ils avaient l'impression d'être dans un film de guerre quand les ouvriers balancaient par les fenetres le contenu des appartements). Nous nous sommes rendus ensuite dans son moulin pour y déjeuner. Le Moulin Fayvon date du XIVè siècle. Monte Laster, artiste américain en provenance du quartier des Ternes à Paris, s'y est intallé il y a 17 ans alors que le moulin était abandonné. C'est un moulin à eau sur l'ancien lie articifiel du Croult(construit au moyen-âge par la commune de Saint-Denis). Monte est à la tête d'une association, Face, et partage son existence entre le quartier d'Harlem à New York et La Courneuve. Il a des liens très étroits avec the last poets. Il accompagne de jeunes artistes, des rappeurs des deux pays dans leurs projets artistiques. Il a notamment mis en relation Abiodun Oyewole, légende vivante du hip hop de 70 ans, avec de jeunes rappeurs de La Courneuve. Monte crée également des manifestations qui ont pour fil conducteur de mettre en relation des personnes issues d'univers peu enclins à se cotoyer. Et ce sont ces rencontres incongrues a priori qui créent la richesse de ses projets. C'est par exemple 'traces urbaines' dont l'idée est de tracer d'une ligne blanche le cours du Croult par le technicien chargé de l'entretien du terrain de foot américain (l'équipe de La Courneuve domine le championnat depuis plusieurs années). Ou encore 'lieu-non-lieu' qui consistait à redonner une âme à des lieux qui en manquaient cruellement par des étudiants de l'ESA.
