Hier j'ai passé plus de trois heures avec Nicole Rodrigues, responsable de l'unité d'archéologie de la ville de Saint-Denis. Une archéologue issue de l'école polonaise qui place l'archéologie au coeur du développement social, culturel et économique de son territoire. Très loin de l'archéologie contemplative que l'on regarde derrière une vitrine dans un musée. J'ai tout d'abord mieux compris l'Histoire de Saint-Denis, une cité en transformation permanente depuis l'implantation du bourg monastique au 8è siècle, décimée au lendemain de la guerre de cent ans (la population est passée de 10 000 à 3 000 habitants) ; une cité en relation constante avec l'eau : le Croult tout d'abord, cours d'eau artificiel qui traversait la ville pour notamment alimenter les moulins (dont le moulin Fayvon de la Courneuve aujourd'hui occupée par l'artiste Monte Laster) ; cours d'eau aujourd'hui quasi disparu. C'est ensuite l'inclinaison de la ville depuis la vallée de la Seine, avec comme point culminant la basilique de Saint-Denis. A noter que L'Ile Saint-Denis était auparavant traversé par un bras de la Seine, qui a été supprimé, ce qui a permis d'accroître considérablement la superficie de l'ile.
Cité en permanente transformation dont les fortifications délimitaient un territoire occupé au nord par des terrains militaires, au coeur le bourg monastique, et au sud les activités économiques et industrielles (aujourd'hui le quartier Confluence, en cours de réaménagement, confluence fluviale mais pas seulement, également ferroviaire).
Témoignage de cette transformation permanente de la ville : un bâtiment datant du 14è siècle, situé au 4 rue du Cygne, véritable hybride architectural, transformé au cour des siècles et des usages par ses propriétaires (cave, entrepôt agricole, habitation) ; à ses pieds des tombes carolingiennes du IXè siècle, ainsi qu'un lavoir et un séchoir datant du 19è. Lorsque Nicole Rodrigues a présenté le lieu à Patrick Bouchain, celui-ci en a très vite perçu le potentiel. Résultat le bâtiment est en train d'être recouvert de deux peaux : une métallique pour permettre aux habitants de déambuler dans le bâtiment (avec le parti pris de le laisser dans son jus) et une souple (rose à points noirs). Culminant à près de 20 mètres de hauteur il permettra de voir Saint-Denis d'en haut. Chapeau bas à toute l'équipe !