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vendredi 30 mars 2012

Plaidoyer pour un activateur urbain à Plaine Commune







Plaidoyer* pour un activateur urbain… … et nomade, sur les territoires de Plaine Commune , vitrine des savoir-faire, des richesses sociales, artistiques, culturelles…et amplificateur du développement local. 

Plaine Commune est une communauté d’agglomération qui comprend huit villes** de Seine Saint-Denis. Le 16 janvier 2012 a eu lieu la signature de l’accord-cadre liant l’Etat et des collectivités territoriales dans le cadre du Grand Paris. Ce texte constitue un préalable au futur CDT (Contrat de Développement Territorial) entre Plaine Commune - estampillé « territoire de la création » -et l’Etat.

L’un des principaux défis de ce CDT est d’arriver à établir une articulation faisant sens entre politiques publiques descendantes et initiatives ascendantes, issues des collectivités locales et des acteurs de la création en très forte résonance avec les habitants (acteurs incontournables de la transformation de ces territoires).

Qui sont les « acteurs de la création » ? Ce terme un peu barbare comprend des organisations au sens large (associations, coopératives, TPE, PME, grands groupes…) travaillant dans les domaines de l’art et de la culture (plasticiens, musiciens, peintres, sculpteurs, ébénistes…), de l’artisanat d’art (orfèvrerie, métaux précieux…) et des filières liées au théâtre, au spectacle vivant, à l’audiovisuel et au cinéma (auteurs, comédiens, producteurs, costumiers, décorateurs, techniciens…) ainsi qu’au numérique (web designers, éditeurs de logiciels…).

Ces savoir-faire vont puiser leur inspiration à la fois dans l’histoire de ces territoires (Saint-Denis compte des collections de verres médiévaux uniques au monde) et dans les connexions avec le reste du monde (Plaine Commune compte plus d’une centaine de communautés nationales). L’orfèvre Christofle est venu dès 1830 à Saint-Denis. Dans le domaine audiovisuel, l’architecture de la Plaine Saint-Denis était propice à l’installation de studio de cinéma (la Cité du Cinéma de Luc Besson à Saint-Denis s’inscrit dans cette continuité historique).

L’autre particularité de Plaine Commune est politique car elle regroupe huit collectivités locales, comprenant chacune une grande variété d’«acteurs de la création». Le défi en la matière est de les rendre visible dans leur contexte respectif, pour comprendre les spécificités sociales, culturelles, économiques, locales, les valoriser in situ, pour mieux les accompagner dans leur développement, en lien étroit avec les habitants.

Compte tenu de l’ensemble de ces spécificités, la mise en valeur au niveau local des acteurs de la création constitue un passage obligé. L’activateur urbain répond à cet objectif.

Un activateur urbain, qu’est-ce que c’est ? C’est une structure nomade qui lie les acteurs locaux autour d’un projet commun de transformation du territoire

Un activateur urbain, culturel et nomade pour quoi faire ?
• pour relier les « acteurs de la création » et les rendre plus visibles,
• pour renforcer leur encrage et leur développement local,
• pour montrer les savoir-faire locaux (innovations sociétales, réalisation artistiques, culturelles et technologiques),
• pour intégrer les dynamiques créatives locales aux stratégies de transformation urbaine d'un territoire,
• pour favoriser le dialogue citoyen sur les sujets urbains, en faveur d'une démocratisation du projet urbain.

Un activateur comment ça marche ?
• la programmation (spectacle, théâtre, installations et performances artistiques, sensibilisation aux sujets urbains et aux métiers de la création, activités au croisement des arts, de la culture et de l’économie) est assurée par les « acteurs de la création » en lien avec les habitants,
• il se déplace dans les huit villes de Plaine Commune tout au long de l’année, établissant des points d'arrêt dans certains lieux, matérialisant des potentiels stimulateurs du projet urbain.

Prévu pour une durée limitée, la souplesse de son mode de fonctionnement lui permet cependant de se pérenniser dans le temps.

Des exemples d’activateurs urbains et nomades existent déjà. Leur objectif est à géométrie variable en fonction des enjeux et objectifs locaux :


Le projet Spacebuster a mis en scène à New York en 2009 un espace gonflable issu de l’arrière d’un camion (insufflant l’air nécessaire). L’espace peut accueillir jusqu’à 80 personnes, et fait l’objet d’occupations variées : conférences, workshops, repas… La membrane translucide offre une perméabilité visuelle entre la ville environnante et l’espace intérieur. Véritable « générateur urbain », la structure produit un effet immédiat de vie dans la cité, quelque soit son lieu d’implantation. La bulle s’adapte, se déforme selon le contexte urbain morphologique avec lequel elle est en contact. Elle se glisse sous un pont, moule une barrière, une façade, enveloppe un arbre, et interroge l’espace de la ville. Le projet a voyagé en neuf étapes d’une journée chacune entre Manhattan et Brooklyn, donnant lieu à des réflexions sur les morceaux de ville investis.


Kubik : une installation temporaire lancée depuis 2006, constituée de réservoirs d’eau standards de 1000 litres. Un système de câblage permet d’illuminer les réservoirs ou de les utiliser comme murs de projection vidéo. Empilés, les réservoirs créent des espaces modulables selon les sites d’implantation. L’installation a été produite dans différentes villes, s’appuyant sur des évènements divers : à Barcelone dans le Parc del Forum, à Milan lors de la biennale de design, à Berlin dans une friche industrielle au bord de la Spree, à Lisbonne. L’architecture de lumière permet d’investir des lieux inhospitaliers, hostiles à la rencontre et aux réunions festives. L’espace amène une véritable dynamique at¬tractive. L’assemblage modulable des réservoirs et leur coloration lumineuse crée une certaine intimité, et offre une échelle humaine à des lieux habituellement trop vastes pour être habités.

*Tribune de Michael Silly (Ville hybride) ; co-signataires : Julien Beller (6B à Saint-Denis), Bernard Bellot (la guinguette trois francs six sous à Pierrefitte), Nicolas Cesbron (Casse Fonte à Saint-Denis), Camille Dumas (Mains d’œuvres à Saint-Ouen), Monte Laster (Association FACE à La Courneuve), Babette Martin (Villa mais d’ici à Aubervilliers), Annie Sellem (Université Paris-Villetaneuse), Zahia Ziouani (Ecole municipale de musique et de danse à Stains) et le Collectif etc

**Aubervilliers, Epinay-sur-Seine, Ile-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Stains, Villetaneuse et bientôt Saint-Ouen