mercredi 4 mai 2011
Synthèse de la 2è réunion d'orientation scientifique sur le thème : "nouvelles mobilités dans les agglomérations complexes"
La réunion s'est tenue le vendredi 29 avril à l'AVERE à l'initiative de Vhyb la ville hybride.
Comité d’orientation scientifique :
Françoise Anger (plasticienne), Marina Aubin (Comuto), Virginie Augereau (Inrets), Raphaële Bidault-Waddington (plasticienne), Claude Birenbaum (association la plateforme), Christiane Blanc (plasticienne), Virgile charton (PSA Peugeot Citroën), Philippe Delcourt (MEDDTL, Urba 2000), Damien Chivialle (designer, U-Farm), Etienne Couppé (EPA Plaine de France), Françoise Duchezeau (consultante), Michel Duret (Egis), Dominique Gayman (plasticienne), Nicolas le Douarec (Cityzencar), Sarah Scassola (Caisse des Dépots), Christopher Santerre (étudiant à l’Ensci), Charlotte de Silguy (AVERE),
Objectifs du forum (jeudi 8 décembre 2011, Paris) :
• Apporter des éléments de compréhension et de mise en perspective aux élus, cabinets, directions urbanistique, technique, environnemental, ainsi qu'aux aménageurs publics et privés
• Présenter des retours d’expériences de projets aboutis, d’expérimentations en cours
Préambule
Aujourd’hui, la mobilité est source de tension issue du décalage entre d’une part l’aspiration légitime des individus (pour ceux qui le peuvent) à se déplacer comme ils veulent, quand ils veulent et d’autre part les contraintes qui en découlent (congestion urbaine, raréfaction des sources d’énergie traditionnelles, hausse des coûts de déplacement).
D’où des représentations et des modèles traditionnels de la mobilité qui s’effacent peu à peu au profit :
• d’une redéfinition de la ville (ex : éco-systèmes ou pôles urbains),
• d’un sens plus complexe de la mobilité (mobilité physique, mobilité informationnelle) et de ses enjeux ‘cachés’, voire de l’immobilité
• de la montée en puissance de la notion de mise en relation comme élément structurant de la ville (ex : projet auto hive d’Auckland)
• de l’hybridation des modes de transport (ex. : tram-train, véhicules trois roues)
Dès lors, deux modèles s’opposent :
• l’étalement urbain (qui a fondé l’expansion des villes, favorisée par une énergie à bas prix)
• la densité urbaine (théoriquement souhaitable mais manque de recul par rapport aux réels gains d’émission de CO² et de tension sociale induite)
Un troisième modèle doit-il être envisagé pour répondre à l’évolution de la mobilité qui renvoie à une demande sociétale et institutionnelle forte ? Sachant que le modèle de la densité capte aujourd’hui la plupart des financements.
1- Infrastructures
Le facteur ‘gain de temps’ - qui depuis la mécanisation des moyens de transport constituait un critère déterminant – est-il toujours aussi central ?
L’avenir est-il à un usager ‘comparateur de temps’ arbitrant entre différentes offres de mobilité ?
2- Innovations
Innovation technologique
L’hybridation des modes de transport (ex : tram-train, véhicules trois roues) est-elle une tendance de fond ? A quoi correspond-elle ?
Répond-elle aux besoins de déplacement de masse ? Quel est le modèle de mobilité crée par l’hybridation des modes de transport ?
Quelles sont les innovations (ex : métro bus, informations temps réel) ?
Comment gérer techniquement la diversité multimodale (interopérabilité) ? Avec quels référentiels ? Quels sont les standards industriels en cours d’élaboration ?
Innovation sociale/usages
L’être ensemble : Les études montrent que la première motivation des utilisateurs de co-voiturage est financière. Le lien créé entre les usagers devient un motif déterminant d’utilisation de ce mode de déplacement. A l’inverse, on constate une tendance à la privatisation de son espace dans les transports publics, à un cloisonnement de l’individu vis-à-vis des autres usagers.
La mutualisation : une autre source d’innovation est la capacité des opérateurs à partager les données, et à faire de l’usager un maillon essentiel d’enrichissement des bases de données et de partage de l’information. Ce modèle est-il généralisable ? A quelles conditions ?
Le couch surfing, forme de consommation collaborative reposant sur le principe d’achats groupé (mais pas seulement), dont le ressort est la ‘confiance numérique’ des consommateurs entre eux (ex : systèmes de notation d’un vendeur sur ebay)
Participation des habitants/usagers
L’innovation provient-elle de la capacité des associations à exprimer leurs besoins, aux élus de les traduire et aux experts d’apporter des scénarios, ensuite enrichis, précisés par les différentes parties prenantes d’un territoire ? Sorte de logique 2.0transposée en urbanisme, voire de management de l’innovation.
Quels sont les retours d’expérience en Europe ? Sont-ils adaptables dans le cadre hexagonal ?
3- Urbanisme/adaptation de la ville
La superficie occupée par les modes de transport (garés ou en déplacement) a tendance à congestionner les villes et leur périphérie. Quelles sont les retours d’expériences et quels sont les axes de recherche en la matière pour optimiser et/ou réduire l’espace occupé ?
Comment adapter la ville aux nouvelles mobilités ? Quels aspects prendre en compte pour concevoir une ville en phase avec l’évolution des usages, comportements de ses habitants (permanents et provisoires) ?
Faut-il optimiser l’existant ou repenser le modèle de la mobilité basé sur la mise en relation ? Quels modèles émergent ? Comment se caractérisent-ils ?
Comment prendre en compte l’hybridation des modes de vie dont la frontière entre sphère professionnelle et sphère privée s’efface peu à peu (ex : logement/bureau) ?
Multi et/ou inter-modalité : les différents modes de mobilité (individuels, collectifs, partagés) sont-ils exclusifs les uns des autres, complémentaires ? Une nouvelle articulation entre modes de déplacement est-elle à trouver ? Quels sont les enseignements des retours d’expériences en la matière ?
Coût social de la densité urbaine : dispose-t-on de données chiffrées ?
L’individualisation de la mobilité –et son prolongement le pavillon excentré - correspondait à une société d’abondance en énergie à bas prix ; le partage de la mobilité est-il son corollaire dans une société de pénurie énergétique à coût élevé ?
4- Prospective
Les éco-systèmes urbains et péri-urbains engendrent quel(s) type(s) de mobilité ? Le cas du Grand Paris :
Les investissements financiers se partagent grosso modo pour moitié entre les infrastructures de transport du Super Métro et le développement des neuf pôles stratégiques (St Denis-Pleyel, Le Bourget, Roissy, Clichy-Montfermeil, Noisy-Descartes, la Bièvre, la Défense, Saclay, confluence Seine-Oise)
Fragmentation urbaine : l’avenir de la mobilité est-il…l’immobilité ?
Participation citoyenne : comment impliquer l’utilisateur final, le sensibiliser aux contraintes institutionnelles et industrielles, pour en faire un acteur crédible du processus ?
Accélération des innovations : le succès d’une offre de mobilité dépend de facteurs externes – tant technologiques que sociétaux - qui s’accélèrent de plus en plus vite (exemple : le co-voiturage était encore en 2005 un épiphénomène du fait du coût élevé des technologies à disposition des usagers et de l’aspect encore naissant des réseaux sociaux ; le succès de ce mode de mobilité qui demande peu d’investissement financier est à mettre en perspective avec les coûts élevés des infrastructures de transport et de leur complexité et durée de mise en place).
L’avenir de la mobilité est-il à la légèreté des modèles, infrastructures, financement ?
5- Annexe :
Les 10 principes de la ville durable vue par le prisme de la mobilité, selon Institute for transportation and development policy
1. Walk the walk: Create great pedestrian environments
2. Powered by people: Create a great environment for bicycles and other non-motorized vehicles
3. Get on the bus: Provide great, cost-effective public transport
4. Cruise control: Provide access for clean passenger vehicles at safe speeds and in significantly reduced numbers
5. Deliver the goods: Service the city in the cleanest and safest manner.
6. Mix it up: Mix people and activities, buildings and spaces.
7. Fill it in: Build dense, people and transit oriented urban districts that are desirable.
8. Get real: Preserve and enhance the local, natural, cultural, social and historical assets.
9. Connect the blocks: Make walking trips more direct, interesting and productive with small-size, permeable buildings and blocks.
10. Make it last: Build for the long term. Sustainable cities bridge generations. They are memorable, malleable, built from quality materials, and well maintained.