La tendance de fond que constitue le bottom-up n'a pas échappé aux acteurs publics qui entendent bien surfer sur cette nouvelle vague.
- Qu'est-ce que le bottum up ?
- Quels objectifs pour les acteurs publics ? A quels écueils se frottent-ils ?
- Quelles sont les solutions ?
Autant de questions auxquelles je vais tenter de répondre.
1- Commençons tout d'abord par définir le bottom-up (approche, démarche ascendante en français) : wikipedia le caractérise ainsi : "une approche ascendante (dite bottom-up) ou descendante (dite top-down) caractérise le principe général de fonctionnement d'une démarche procédurale".
Premiers enseignements : le bottom-up se définit par opposition au top-down et renvoie à la notion de procédure.
Wikipedia nous dit ensuite que "la distinction entre les deux approches peut désigner le sens d'une démarche intellectuelle :
- Il peut s'agir d'une synthèse (Bottom-Up) où l'on part du détail, du « bas » , c'est-à-dire l'échelon le plus fin, pour consolider progressivement et opérer une synthèse.
- Il peut s'agir d'une analyse (Top-down) où, partant de l'ensemble, on décompose en éléments toujours plus détaillés, pour déboucher sur une « mise à plat », une « dissection totale » , un état des lieux de l'objet étudié".
Pas franchement clair mais j'y reviendrai.
Wikipedia va néanmoins plus loin : "par extension, la distinction peut désigner le mode d'animation et de pilotage d'une démarche :
- Il peut s'agir d'un pilotage participatif (Bottom-Up) où le fil directeur de l'animation démarre des perceptions et initiatives de l'échelon le plus « bas » ( au sens hiérarchique) ou le plus « terrain » (au sens opérationnel) pour être répercutées, déclinées et prises en compte par les échelons supérieurs.
- Il peut s'agir aussi d'un pilotage directif (Top-Down) où au contraire, le fil directeur de l'animation est actionné par la hiérarchie. Les échelons « subordonnés » ayant pour fonction de mettre en forme, d'exécuter, de déduire, d'améliorer les consignes prescrites".
Second enseignement : la notion de démarche intellectuelle déclinée en synthèse et analyse renvoient à la notion d'empirisme : partir des données terrain pour élaborer une réflexion, une analyse plus englobante. Intéressant.
Ensuite la notion de pilotage participatif est très claire par rapport à ce qui caractérise le bottom up dans le cadre d'un projet (d'aménagement, urbanisme, architecture pour ce qui nous intéresse) :
l'animation du projet débute de l'utilisateur final
Comment ?
En prenant en compte, non pas les solutions qu'ils préconisent, et qui constituent le premier hiatus dans l'esprit de certains acteurs publics lorsqu'il s'agit d'associer les habitants, mais la compréhension fine de la façon dont les usagers vivent leur "territoire", leur perception sensible (à l'échelle d'un ilot, qu'un quartier, d'une ville, d'une agglomération...), des faiblesses, des atouts, des opportunités an matière de logement, déplacement, activité professionnelle, vivre ensemble...
Et ça ne s'arrête pas là : les usagers finaux intègrent non seulement le processus de conception mais aussi celui de décision.
Par opposition la démarche top down est impulsée et rythmée par le sommet de la hiérarchie. C'est elle qui donne le tempo, qui tranche, qui donne les orientations. Elle consulte certes la base mais in fine c'est elle qui a le dernier mot. L'implication n'est recherchée qu'à but d'adhésion par les utilisateurs finaux / aux solutions recommandées. Avec comme effets :
2-Quels sont les objectifs poursuivis par les acteurs publics ? Et les écueils parfois induits ?
Les objectifs ne sont pas toujours très clairs et surement pas assez partagés avec les principaux concernés (c'est aussi le premier écueil). Il s'agit en général de :
Les acteurs publics procèdent alors de deux manières :
Cantonnés dans un cadre soit trop lâche soit trop étroit les habitants se plaignent :
Les acteurs publics se retrouvent alors face aux acteurs du territoire les plus virulents mais pas forcément les plus représentatifs (ce qui entraîne aussi une forme de lassitude de leur part vis-à-vis des habitants : les acteurs publics les jugeant pas au niveau des enjeux du projet).
En fait, il s'agit d'un malentendu, d'une méconnaissance mutuelle, tant en termes de méthode que de profils présents sur le territoire, qui au mieux accouche d'un projet a minima, au pire fait camper chacun sur ses positions, avec comme alternative pour les acteurs publics, soit le passage en force soit l'abandon du projet.
3- Amorces de solutions
Les solutions existent, mais au préalable, il y a des fondamentaux à respecter :
Cette mission est à réaliser en amont de la phase de diagnostic pour avoir une vision fine des typologies d'habitants et usagers du territoire (on peut la présupposer mais on est toujours surpris lorsque l'on "gratte" le territoire). Ce travail peut être réalisé par une équipe mêlant professionnels en sociologie urbaine, anthropologie, ethnologie et étudiants. Les personnes rencontrées intègrent bien sur les réseaux institutionnels et associatifs habituels, mais elles vont bien au-delà, en franchissant les portes moins connues du territoire.
Une connaissance fine pour quoi faire :
Cette solution permet de faire du vrai bottom up qui part de l'utilisateur final, l'associe au processus de décision, en fait un relais auprès d'acteurs plus larges, créant une dynamique qui s'auto-alimente.
La résolution de la problématique d'absence d'habitants et son prolongement : leur implication / la (longue) durée du projet ?
C'est un second hiatus que l'on retrouve souvent chez les acteurs publics. L'implication serait impossible sans la présence d'habitants et l'animation extrêmement complexe du fait de la durée prolongée des projets. Ceci rapporté au secteur de l'industrie automobile, cela équivaudrait à dire : on ne peut pas lancer ce nouveau modèle car les utilisateurs de celui-ci n'existent pas encore. Est-ce par qu'un éco-quartier n'existe pas qu'on ne peut pas le tester auprès d'utilisateurs potentiels ? N'est-il par ailleurs pas possible de le tester sur la longue durée en faisant évoluer les panels ? Tester un projet cela ne signifie pas avoir le même panel composé des mêmes individus de A à Z. L'important c'est leurs aspirations -résider dans un éco-quartier par exemple- et les socio-types auxquels ils appartiennent. Tout panel est évolutif dans le temps et cela n'affecte pas la représentativité des données.
l'animation du projet débute de l'utilisateur final
Comment ?
En prenant en compte, non pas les solutions qu'ils préconisent, et qui constituent le premier hiatus dans l'esprit de certains acteurs publics lorsqu'il s'agit d'associer les habitants, mais la compréhension fine de la façon dont les usagers vivent leur "territoire", leur perception sensible (à l'échelle d'un ilot, qu'un quartier, d'une ville, d'une agglomération...), des faiblesses, des atouts, des opportunités an matière de logement, déplacement, activité professionnelle, vivre ensemble...
Et ça ne s'arrête pas là : les usagers finaux intègrent non seulement le processus de conception mais aussi celui de décision.
Par opposition la démarche top down est impulsée et rythmée par le sommet de la hiérarchie. C'est elle qui donne le tempo, qui tranche, qui donne les orientations. Elle consulte certes la base mais in fine c'est elle qui a le dernier mot. L'implication n'est recherchée qu'à but d'adhésion par les utilisateurs finaux / aux solutions recommandées. Avec comme effets :
- une démotivation progressive des usagers finaux,
- une dé-responsabilisation par rapport à la programmation des projets.
2-Quels sont les objectifs poursuivis par les acteurs publics ? Et les écueils parfois induits ?
Les objectifs ne sont pas toujours très clairs et surement pas assez partagés avec les principaux concernés (c'est aussi le premier écueil). Il s'agit en général de :
- répondre à la réglementation en matière de concertation publique,
- rechercher l'adhésion des habitants, usagers du territoire / projets,
- comprendre les attentes des habitants, usagers du territoire / projets.
Les acteurs publics procèdent alors de deux manières :
- organisation de réunions informelles (et autres formats plus innovants) avec les habitants en amont du projet
- organisation de réunions avec les habitants pendant et en aval du projet
Cantonnés dans un cadre soit trop lâche soit trop étroit les habitants se plaignent :
- soit de l'absence de projet pour pouvoir se prononcer dessus
- soit d'un projet trop abouti qui ne permet plus de peser dessus
C'est le second écueil : face au vide, les habitants se demandent ce qu'ils font là ; face au trop plein, ils ont le sentiment d'être instrumentalisés.
Les acteurs publics se retrouvent alors face aux acteurs du territoire les plus virulents mais pas forcément les plus représentatifs (ce qui entraîne aussi une forme de lassitude de leur part vis-à-vis des habitants : les acteurs publics les jugeant pas au niveau des enjeux du projet).
En fait, il s'agit d'un malentendu, d'une méconnaissance mutuelle, tant en termes de méthode que de profils présents sur le territoire, qui au mieux accouche d'un projet a minima, au pire fait camper chacun sur ses positions, avec comme alternative pour les acteurs publics, soit le passage en force soit l'abandon du projet.
3- Amorces de solutions
Les solutions existent, mais au préalable, il y a des fondamentaux à respecter :
- l'expert : un acteur comme un autre qui doit d'abord être dans une position d'écoute
- l'intégration des habitants et des usagers du territoire : en phase de diagnostic + dans le processus de conception et de décision
- la mise au défi des normes et des réglementations
Cette mission est à réaliser en amont de la phase de diagnostic pour avoir une vision fine des typologies d'habitants et usagers du territoire (on peut la présupposer mais on est toujours surpris lorsque l'on "gratte" le territoire). Ce travail peut être réalisé par une équipe mêlant professionnels en sociologie urbaine, anthropologie, ethnologie et étudiants. Les personnes rencontrées intègrent bien sur les réseaux institutionnels et associatifs habituels, mais elles vont bien au-delà, en franchissant les portes moins connues du territoire.
Une connaissance fine pour quoi faire :
- pour savoir qui on a en face de soi,
- pour connaitre les modes de vie avant le projet, les leviers potentiels, les thématiques insoupçonnées (qui si elles ne sont pas intégrées rendent inaudibles les projets les plus ambitieux),
- pour donner la parole à eux qui ne l'ont pas d'habitude, valoriser les habitants et usagers du territoire, pour ensuite pouvoir mieux les impliquer et en faire des relais du projet auprès des réseaux locaux.
Cette solution permet de faire du vrai bottom up qui part de l'utilisateur final, l'associe au processus de décision, en fait un relais auprès d'acteurs plus larges, créant une dynamique qui s'auto-alimente.
La résolution de la problématique d'absence d'habitants et son prolongement : leur implication / la (longue) durée du projet ?
C'est un second hiatus que l'on retrouve souvent chez les acteurs publics. L'implication serait impossible sans la présence d'habitants et l'animation extrêmement complexe du fait de la durée prolongée des projets. Ceci rapporté au secteur de l'industrie automobile, cela équivaudrait à dire : on ne peut pas lancer ce nouveau modèle car les utilisateurs de celui-ci n'existent pas encore. Est-ce par qu'un éco-quartier n'existe pas qu'on ne peut pas le tester auprès d'utilisateurs potentiels ? N'est-il par ailleurs pas possible de le tester sur la longue durée en faisant évoluer les panels ? Tester un projet cela ne signifie pas avoir le même panel composé des mêmes individus de A à Z. L'important c'est leurs aspirations -résider dans un éco-quartier par exemple- et les socio-types auxquels ils appartiennent. Tout panel est évolutif dans le temps et cela n'affecte pas la représentativité des données.