L'agora d'hier était consacrée aux politiques culturelles. Deux visions ont émergé : une première qui prône que l'artiste ne s'inscrive pas dans le temps politique ; ce qui serait une aberration : on imagine mal les fondateurs du fauvisme, du hip hop...attendre le top départ du politique pour initier des formes artistiques innovantes. Une vision qui présuppose néanmoins que les artistes trouvent toujours les ressources pour pouvoir créer (ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas).
Une seconde qui interpelle le politique, et dont l'une des revendications est la gratuité des lieux de création, pour y travailler et y exposer (voire pour y bénéficier de services comme par exemple la promotion des expos). L'argument : les lieux émergents de création contemporaine sont constitués d'artistes qui contribuent à la revitalisation sociale et culturelle de certains quartiers (valorisation ensuite traduite monétairement par les investisseurs, les promoteurs et les collectivités locales). La gratuité pourrait ainsi se justifier, pouvant aller jusqu'à une certaine rétribution des artistes. Pourquoi pas un pourcentage sur les plus-values des opérations immobilières ?
Ces deux visions ne sont pas incompatibles et sont tout à fait porteuses dans la mesure où chaque acteur joue son rôle : le politique en évitant d'interférer dans le contenu et le calendrier des projets culturels ; les artistes en se consacrant à leurs productions et en évitant d'établir un rapport de force stérile avec le politique. Un rapport équilibré est donc appelé de nos voeux, qui pourrait passer par des instances de dialogue représentatives.